Congrès de la Confédération paysanne Un franc face-à-face entre Stéphane Le Foll et les agriculteurs de la CP
Jeudi 23 avril 2015, Laurent Pinatel n'a pas manqué d'interpeller Stéphane Le Foll, venu clôturer le congrès de la Confédération paysanne à Saint-Jean-Pied-de-Port, sur la loi d'avenir, ses choix pour la Pac ou les accords de libre-échange en cours de négociation. Face à des agriculteurs « déçus » et « trahis », le ministre de l'Agriculture a pris le temps de défendre ses choix.
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« En général, un invité vient avec un petit cadeau », a réagi Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, déçu après la venue du ministre de l'Agriculture pour clôturer le congrès du syndicat.
A Saint-Jean-Pied-de-Port, Stéphane Le Foll est venu assurer le "service après-vente" de sa loi d'avenir pour l'agriculture et surtout ses derniers arbitrages - tardifs - pour l'application de la réforme de la Pac. Mais sans apporter de réponses supplémentaires, ce qui n'a pas manqué d'irriter les 300 congressistes.
Lors de son intervention, Laurent Pinatel n'a pas épargné le ministre pour lui témoigner la déception des agriculteurs de son syndicat. « Nous avions imaginé qu'un ministre comme vous pouvait saisir les opportunités pour changer le cap de l'agriculture française. Vous êtes revenu de Bruxelles avec des possibilités intéressantes pour la réforme de la Pac, a-t-il expliqué devant Stéphane Le Foll. Mais votre ambition d'une autre agriculture est aussitôt retombée sitôt rentré à Paris ».
Des divergences sur la PAC...
Avec sa franchise et sa décontraction, le porte-parole du syndicat a reproché au ministre de ne pas être allé assez loin sur les mesures de la Pac, en matière de convergence, de redistribution des aides aux premiers hectares et de dégressivité. « C'est un cri d'alarme parce que nous sommes déçus et nous nous sentons trahis ».
« Arrêtez d'éliminer par le bas », a poursuivi le syndicaliste, faisant notamment référence au plancher de 10 vaches allaitantes pour bénéficier de l'aide couplée aux bovins viande. Avec des élevages ovins laitiers complétés par de petits ateliers de bovins allaitants, les agriculteurs du Pays Basque font partie des exclus de ce plancher.
« Nos quelques vaches allaitantes sont très importantes sur nos exploitations ovines, car elles permettent de valoriser le fourrage et constituent historiquement le patrimoine de l'exploitation », a expliqué plus tôt dans la matinée Peio Bereterbide, éleveur à Uhart Cize, sur une exploitation de 20 ha, 321 brebis Manech et 6 vaches allaitantes.
C'est sur un ton un peu agacé que le ministre a répondu aux reproches du syndicat. « Le paiement redistributif a été mis en œuvre grâce à la France et ce dispositif sert d'exemple à d'autres pays européens, s'est défendu Stéphane Le Foll. J'ai choisi de retenir la moyenne de 52 ha pour focaliser sur les moyennes exploitations. » La Confédération paysanne aurait souhaité un deuxième palier de redistribution plus important pour les tous premiers hectares.
... mais quelques points de convergence
Assumant la mise en place d'un plancher à 10 vaches allaitantes pour les aides bovines, le ministre a poursuivi la défense de ses choix en rappelant avoir obtenu le principe de la transparence des Gaec au niveau européen, ainsi que la possibilité offerte aux Earl de se transformer en Gaec pour pouvoir bénéficier de cette transparence.
Entre les sifflets et les applaudissements, le ministre a aussi défendu ses points de convergence avec le syndicat. « L'industrialisation de l'agriculture n'est pas mon modèle » a-t-il répondu à Laurent Pinatel, évoquant la "ferme des 1.000 vaches". Le syndicat aurait souhaité limiter les ambitions de son promoteur Michel Ramery par la loi. « Mais il y a des règles à respecter, notamment en matière de droit de propriété », a notamment répondu le ministre.
Le ministre partage aussi, sur le fond, une partie des idées de la Confédération paysanne sur les accords de libre-échange. Le syndicat demande l'arrêt pur et simple des négociations entre la Commission européenne et les Etats-Unis, craignant l'importation massive de viande bovine à bas coûts et qui ne respecterait pas les standards de qualité européens. « La Commission ne peut déroger au mandat qui lui a été donné », martèle le ministre. « Et absolument rien n'est signé. »
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